Rencontre autour de la santé mentale
Pour leur 14e édition, les Rendez-Vous Soniques, ont décidé de consacrer leurs rencontres professionnelles à la question de la santé mentale dans la musique. Dans notre société, la représentation et la compréhension des troubles psychiques est encore aujourd’hui erronée et ambivalente puisqu’ils effraient autant qu’ils peuvent fasciner. D’autant plus dans l’industrie musicale où les figures du “ poète maudit ” et du “métier passion” perdurent toujours dans l’imaginaire collectif en 2023. Même si la tendance s’inverse et que les tabous commencent à s’effriter ces dernières années grâce aux nombreuses études, témoignages d’artistes, tables rondes et autres comptes/groupes d’informations sur les réseaux sociaux, la marge de progression sur l’acceptation de ces troubles et la bienveillance généralisée envers celleux qui en souffrent reste colossale. À travers cette journée, le festival souhaite donc proposer un premier temps d’informations et d’échanges entre professionnel·les des différents secteurs d’activités de l’industrie musicale. L’ambition est de faire de cette journée un point de départ dont résulteront des séries de rencontres sur le long terme destinées à faire bouger les lignes de manière durable et positive.
La journée, organisée avec l’aide du festival Les Femmes s’en Mêlent et NORMA, commencera par une plénière de 10h00 à 12h00, sera suivie l’après-midi par trois ateliers en simultané de 13h30 à 15h30 et se terminera par un atelier en mixité choisie de 16h à 17h30.
Ce temps commun a pour ambition de redéfinir les notions principales relatives à la santé mentale et aux troubles psychiques puis de faire un focus sur les constats et les enjeux de ces problématiques dans l’industrie musicale.
Invité·es : Robin Ecoeur (Collectif Cura) et Marie Line Lamarre Hamelin et Estelle Lebourgeois (Santé Mentale France)
Modérateur : Lucas Blaya (NORMA – Normandie Musiques Actuelles)
Le rythme de travail et la pression qui l’accompagne dans des équipes souvent réduites, les horaires décalés, le travail le soir et/ou la nuit, l’exposition à l’alcool au travail, le mythe du « métier passion » sont autant de facteurs à risques pour la santé mentale des salarié·es de structures culturelles pouvant conduire entre autres au stress, à des symptômes dépressifs, des troubles d’anxiété généralisée et au burn out .
À cela s’ajoute le besoin de reconnaissance qui ne s’est jamais autant fait ressentir depuis la crise covid avec la nécessité d’être valorisé·es autant par une rémunération juste que par l’utilité et l’importance de ces métiers par le reste de la société. À travers cette discussion, nous souhaitons identifier les problématiques que les salarié·es de structures culturelles régionales souhaitent approfondir et privilégier sur le long terme et ainsi dégager des axes de travail.
Table ronde animée par Véra Bezsonoff (Fédélima) et Sarah Minski (Audiens)
Comment protéger ses équipes, sensibiliser, intégrer la santé mentale à son management tout en se préservant soi-même ? Le rythme de travail et la pression qui l’accompagne, à la tête d’équipe souvent réduite. Naviguer dans un contexte où l’instabilité règne depuis maintenant 3 ans est loin d’être évident et peut mener à des risques en matière de santé mentale pour soi et pour les autres. L’idée est de se servir de ce temps d’échange pour évoquer ce double enjeu, faire état des bonnes pratiques déjà mises en place et les points qu’il serait nécessaire d’approfondir aux travers d’ateliers ciblés dans un second temps.
Atelier animé par Chloé Esdraffo (coach formatrice, Perspectives)
Les différents témoignages et études ont montré que les causes des troubles pouvaient être nombreuses pour les artistes. Celles qui ressortent le plus souvent sont l’hygiène de vie en tournée (consommation de substances, alimentation déséquilibrée, manque d’activité physique régulière, etc.), la précarité et l’incertitude de la situation, la difficulté de l’accès au soin, la place envahissante des réseaux sociaux, le rythme de travail variable et/ou décalé ou encore les violences sexistes et sexuelles. À travers cette discussion, nous souhaitons identifier les problématiques que les artistes souhaitent approfondir et privilégier sur le long terme et ainsi dégager des axes de travail.
Table ronde animée par Nicolas Delahaye (Réseau Grabuge, artiste et co-fondateur de Concrete Knives) et Joachim Müllner (psychiatre et artiste)
L’industrie de la musique est un secteur notoirement éprouvant pour la santé mentale de ses acteurs et actrices. Cependant, il est crucial de reconnaître que les femmes, au sein de ce milieu, font face à des défis encore plus complexes. Les inégalités de genre, persistantes dans le domaine musical, s’accompagnent de manifestations flagrantes de violences sexistes et sexuelles ainsi que de la persistance d’un « plafond de verre » difficile à briser. Ces problématiques se conjuguent avec des enjeux liés à la maternité, où la charge mentale associée à la parentalité peut être accablante, tout en pouvant engendrer une précarité supplémentaire, notamment pour celles bénéficiant du régime de l’intermittence du spectacle. Au cours de cette discussion, nous avons à cœur d’explorer les préoccupations spécifiques des professionnelles de l’industrie musicale, en identifiant des axes de travail à long terme pour faire progresser l’égalité des genres et la santé mentale au sein du secteur.
Proposer ce temps dédié, à destination des femmes ayant pris part aux ateliers précédents, nous semblait essentiel au regard de la thématique de la journée. Pour nous accompagner, nous nous sommes entouré·es du festival Les Femmes s’en Mêlent qui explore cette question depuis plusieurs mois.
Atelier animé par Charlotte Cegarra Artiste (pluri-dimensionnel-le, producteurice)